ciclo internacional de conferencias transdisciplinarias
8 dic. 2022 - 8 dic. 2023 Schoelcher (Francia)

Por autor > Lefrancois Frédéric

L'anamnèse comme ascèse chez Glissant, Walcott et Chamoiseau
Frédéric Lefrancois  1@  
1 : Centre de Recherches Interdisciplinaires en Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines  (CRILLASH)  -  Página web
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines - Campus de Schoelcher - BP 7207 - 97275 Schoelcher cedex -  Martinique

Il n'est pas anodin d'interroger la Mémoire. C'est un acte d'inconscience absolue que de l'aborder comme une relation familière, alors qu'Elle transite perpétuellement dans l'antre des dieux. Sa course, perçue par les hommes comme une fuite erratique et folle, ne pointe ni vers le passé, ni vers l'avenir : elle vise plutôt l'immortalité du Temps. Résidente inconstante de l'Olympe, d'Uluru et du Kilimanjdaro, de ces mornes sacrés ensemencés par les travaux herculéens des damnés de la Terre, elle se hisse tantôt sur les ailes de Guabancex pour mieux sonder les âmes des mortels, et tantôt se glisse dans le voile du Temps arrimé par l'écriture.

Et la voici plantée, cette gardienne, au-devant de nous-même, impassible et sereine, voyant l'impétrant trembler d'incertitude sous l'effort de l'anamnèse. C'est l'instant, ourdi, du tremblement, prologue de la Révélation. Pour l'entendre, il faut redoubler d'ascèse, car cette déesse n'est accessible qu'aux héros. Vains donc, tous ces effort humains, face à l'échelle surhumaine jetée à nos pieds.

La Mémoire siège auprès des divinités du panthéon diasporique convoqué sur la scène d'affrontements et d'hainamorations tels que la Danse de la forêt, drame poétique de Soyinka, les oracles du conte tutélaire enfouis dans Le conteur, la nuit et le panier de Chamoiseau et Le vent du nord dans les fougères glacées. Mais elle sait aussi s'envoler dans les airs, puis se condenser en flux aquatiques, magmatiques, mémoriels et corporels, par l'invocation des éléments chère à Glissant, dans Le Sang rivé, mais aussi par l'hymne poético-dramatique de Walcott, The Sea at Dauphin, et sa pythie politico-dramatique ; The Sea is History.

Et de tout cela que reste-t-il ? La trace tangible, sans doute, de l'écriture ascendante sur la page d'une humanité vouée au mythe de l'éternel recommencement. C'est ici qu'intervient la puissance du Conte, garant et gardien de l'ancestrale sacralité que nous entendons invoquer au terme d'une ascèse-anamnèse nécessaire, certes accompagnée des Scribes transaméricains affairés à saisir l'instant poïétique de l'énonciation.


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